• Le problème, c’est que bientôt ces notions de droite et de gauche ne voudront plus rien dire. Vue du Moyen Orient où je vis, la politique de ventes des armes, par exemple, a été la même avec Mr Sarkozy et avec Mr Hollande. Mais ce qui fait rire, ou pleurer, c’est qu’on ne voit finalement plus beaucoup de différences entre les droites ou les gauches extrêmes. Où doit-on classer les dictatures ? Où mettez-vous Mr Poutine ou Mr Erdogan ? Hitler lui-même était-il de droite ou de gauche, puisqu’il représentait le « national-socialisme » ?

    En caricaturant un peu, ou beaucoup, on pourrait dire que la droite a misé beaucoup plus sur la liberté (et la peur de la perdre), mais à la fin elle s’est embourbée dans une défense de la liberté des plus forts ou des plus riches contre les autres. La gauche a misé beaucoup sur l’égalité ou la justice, mais elle s’est perdue en route par ses abus ou ses excès ou ses compromis avec la droite, en particulier au niveau de l’économie. Car cela devient un défi impossible de mener une politique économique de gauche dans un monde occidental dominé par un capitalisme sauvage. Tout cela est bien sûr une caricature.

    Ce qui n’est pas une caricature, c’est que tous ou presque ont oublié en chemin la fraternité, la seule qui pouvait équilibrer justement liberté et égalité et les empêcher de produire chacune de son côté des monstres qui privilégient quelques-uns en écrasant les autres.

    Et ce qui tue encore plus la politique, de droite comme de gauche, c’est que les partis sont devenus un but au lieu d’être simplement un moyen. D’où la corruption et l’absence d’un souffle politique capable d’ouvrir de nouveaux horizons qui fassent espérer en des lendemains meilleurs pour l’avenir de l’humanité.

    Et pourtant, si l’on regarde autour de soi, on voit la multiplication d’associations bénévoles de toutes sortes qui œuvrent pour adoucir la souffrance des plus démunis et marginalisés. Un mouvement de solidarité au niveau mondial qui attire de plus en plus de jeunes, malgré tous les effets négatifs de la société de consommation.

     

    Alors, la politique n’est sans doute pas morte. Car la politique est d’abord présente en chacun de nous. Si je veux, je peux avoir toute la journée un impact politique sur la société par mes actions, mes déclarations, mes amitiés, mon service à l’humanité. Mais nous avons sans doute besoin de trouver de nouveaux Gandhi ou Mandela qui réconcilient la politique traditionnelle (nécessaire) des organisations politiques comme les partis, avec les lieux où bat le cœur du peuple, qui n’est pas si aveugle ou égoïste qu’on le croit. Et il n’y a qu’à voir tous ces courants positifs qui se déversent dans les réseaux sociaux pour reprendre espoir en un sursaut de vérité et de justice qui nous fasse à nouveau respirer.

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  • Vous savez, je suis de plus en plus persuadé qu’une des plus grandes maladies de notre époque, en particulier de notre civilisation occidentale, c’est « l’individu ». Non, je ne me suis pas trompé, je ne voulais pas parler seulement de « l’individualisme » qui a envahi notre monde sans même qu’il s’en rende compte. Mais l’individualisme, on peut avoir conscience que c’est un défaut. Tandis que l’individu, c’est devenu une idole, un véritable dieu de nos temps modernes, ou bien un roi, un tyran, un dictateur, tous les noms de ce genre que vous voudrez lui mettre.

    On veut nous faire croire que l’humanité a beaucoup progressé avec la déclaration des droits de l’homme. Et c’est en partie vrai. Mais si vous regardez bien cette déclaration, on y revendique surtout les droits de l’individu. Comme si l’individu était désormais le seul représentant de l’homme. C’est cela qui me révolte ou me rend triste selon les moments.

    Mais vous qui me lisez en ce moment, vous pensez vraiment que vous êtes d’abord un individu ? Moi, non ! Cela fait bien longtemps que j’ai pris conscience d’être un homme (dans le sens d’une goutte d’humanité dans l’océan de l’homme) et que je sais trop bien que cette goutte ne s’est pas développée toute seule.

    Alors, bien sûr, on nous apprend à construire des relations sociales pour ne pas rester isolés. Mais finalement, c’est pour exploiter ces relations sociales au service de notre individualité. Nous sommes là ensemble, juxtaposés les uns aux autres, et chacun essaye de profiter le plus possible des autres pour se développer lui-même, c’est à peu près la mentalité courante.

    Je crois qu’il y a là un immense malentendu. Ce qui est important ce n’est pas l’individu, c’est le « moi ». Car chaque « moi » est unique, irremplaçable et jusque-là je pense que nous sommes tous d’accord. Alors, me direz-vous, je préfère l’égoïsme à l’individualisme et il n’y a pas une grande différence.

    Mais c’est là qu’on ne se comprend pas. Le « moi » est une réalité sacrée qui m’a été offerte à la naissance sans me demander mon avis. Et c’est ce « moi » qui a commencé à donner un sens à ma vie et qui continuera à le faire jusqu’à ma mort. Mais ce « moi » ne s’est reconnu comme tel que par la relation d’ouverture réciproque avec des milliers d’autres « moi », comme moi et pourtant si différents. C’est seulement parce que tu es « toi », c’est-à-dire un autre « moi », que moi aussi j’ai appris et j’apprends chaque jour à être moi-même.

    Et ce « moi » unique, original, sympathique, riche de valeurs, de sentiments, de talents, ne se développe qu’avec le développement de toute l’humanité. Un morceau d’humanité qui souffre ou qui régresse, et c’est mon « moi » qui en subit en fait, tôt ou tard, des conséquences désastreuses.

    Je sais bien que tout cela est trop rapide pour être complètement vrai. Un article de blog ne peut être qu’une caricature sans trop de nuances. Mais dites-moi si l’éducation que reçoivent nos jeunes dans la société de consommation, à l’école ou à travers les médias, ne les pousse pas trop souvent à ce culte de l’individu qui atrophie finalement ou paralyse leur véritable « moi », désireux de vivre pour un monde meilleur et qui se retrouve desséché à lutter simplement pour quelques droits égoïstes, comme celui d’être respecté, traité comme tout le monde, à égalité avec les autres. Et cela me fait une belle jambe si nous nous respectons tous, chacun isolé dans son coin, au lieu de nous aimer, de nous connaître, de vibrer chaque jour un peu plus à la découverte merveilleuse des autres « moi » qui nous entourent et avec lesquels nous pouvons former un « nous » qui est le seul avenir possible de l’humanité.

    Ne voit-on pas que le grand projet de l’Europe unie est en train de s’écrouler, parce que l’Europe, au lieu d’être une harmonisation de tous ces « moi » riches de valeurs qui pourraient se compléter, est en train d’être un simple amalgame d’individus qui se mettent d’accord pour ne pas se toucher ? On nous laisse même croire en Dieu et prier (ce serait aussi un droit de l’individu), à condition que cela ne vienne pas déranger mon voisin, dans ma sphère privée, comme ils disent ! Sphère privée, oui, absolument, car elle est finalement « privée » de tout ce qui pourrait faire la beauté de l’humanité, l’altruisme, l’héroïsme de donner sa vie pour un idéal humanitaire…

     

    Mais heureusement il y a encore beaucoup de gens qui croient à ces valeurs et qui luttent pour elles de tout leur cœur. L’humanité n’est pas morte, mais elle doit quand même se secouer si elle ne veut pas finir complètement paralysée. 


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  • Vous avez remarqué qu’on parle de plus en plus de paix ces temps-ci et qu’il en y a de moins en moins ? Où est le problème ? Je crois que c’est très simple : la plupart de ceux qui parlent de paix ne sont pas sincères. Ou bien ils veulent la paix seulement pour eux-mêmes et pour leurs intérêts.

    On ne comprend pas que faire la paix n’est possible que dans la plus parfaite transparence. On ne peut pas construire une maison dans un pays froid avec trois murs au lieu de quatre et à la place du quatrième mur un espace vide où pourrait s’engouffrer le vent, la pluie et tous les courants d’air du monde. Ce serait simplement de la folie.

    Mais pourquoi parle-t-on de paix sans vouloir en assumer les conséquences ? La paix est difficile, car elle se fait d’abord avec son ennemi, comme les Français avec les Allemands après la dernière guerre mondiale. Et si cette paix dure encore c’est parce qu’elle a été sincère.

    Alors pourquoi nos gouvernements européens n’arrêtent plus leurs mensonges depuis quelques temps ? Je vis au Moyen Orient et je suis bien obligé de voir que ce que dit Mr Hollande sur la situation en Syrie est plein de mensonges. Mais vous savez très bien qu’il en va de même pour presque toute notre politique au Moyen Orient et dans une grande partie de l’Afrique, au moins là où je peux me prétendre un peu compétent. Vous allez me dire que c’est la même chose pour Mr Poutine, pour les Chinois ou les Américains ? Belle excuse, n’est-ce pas ?

    Moi, je crois que là est le point de départ d’un avenir de mort ou d’un avenir de vie pour l’humanité. Si nos gouvernants ne sont plus capables de distinguer entre la vérité et le mensonge, ou bien s’ils en sont bien conscients mais qu’ils mentent quand même pour être élus aux prochaines élections ou pour je ne sais quel intérêt économique ou stratégique, alors notre monde est vraiment en danger !

    On en reparlera…

     


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  • Je suppose que certains lecteurs sont entrés avec moi ces temps-ci dans le site « citation-celebre.leparisien.fr », ce site très intéressant où l’on trouve plus de 70.000 citations de tous les écrivains les plus connus, mais aussi de personnalités politiques, du monde de l’art, etc.

    J’ai moi-même commencé à y mettre de temps en temps des citations de notre blog, parce que cela aide à le faire connaître.

    Ce site publie chaque jour « la citation du jour », parfois très belle, mais parfois aussi effarante. Il y a quelques jours, j’ai été horrifié par une citation de Schopenhauer qui venait d’être choisie. Et pourtant Schopenhauer n’est pas n’importe qui, c’est un des plus grands philosophes de tous les temps. Mais voyez vous-mêmes ce qu’il écrit :

    « Le médecin voit l’homme dans toute sa faiblesse ; le juriste le voit dans toute sa méchanceté ; le théologien dans toute sa bêtise. »

    Commençons par le médecin et le juriste. Que le médecin voie la faiblesse de l’homme, c’est évident, mais c’est là tout son travail ? Etre spectateur de cette faiblesse et des maladies de l’humanité? Ou bien le médecin est là pour guérir l’homme de sa faiblesse et de ses maladies ? Que le juriste voie la méchanceté des hommes qui sont convoqués au tribunal, cela va de soi, mais son travail ne consiste-t-il pas à intervenir pour corriger cette méchanceté et la guérir aussi. L’homme est-il un voyeur qui s’amuse à observer les défauts des autres, ou un « homme » qui se bat pour que l’humanité guérisse de ses défauts et progresse toujours plus ?

    Mais ce qui m’a fait le plus bondir, c’est la fin de la phrase : le théologien qui voit « l’homme dans toute sa bêtise ». Excusez-moi, Mr Schopenhauer, mais quelle idée avez-vous de la théologie ? La théologie, pour moi, c’est la science qui essaye avec passion de pénétrer dans les réalités de Dieu, et de l’homme tel que Dieu le voit. La théologie ne peut voir que des merveilles, sinon c’est une comédie de théologie. Comment peut-on être amoureux de la beauté et de la grandeur de Dieu et de son dessein sur l’humanité et s’arrêter d’abord sur les « bêtises » de l’homme ?

    Je sais bien qu’il y a le mal dans le monde, la méchanceté et les bêtises. Mais nous croyons en un Dieu qui a donné sa vie pour tout cela et qui ne cesse de nous relever et de nous donner de l’espoir. Car Dieu ne sera jamais un spectateur ou un voyeur, assis dans son fauteuil à observer l’humanité. Vous imaginez un dieu qui soit là à s’ennuyer ? Un dieu sans âme, qui aurait perdu le sens de ce qu’il fait ? Je préfère encore un monde sans Dieu. Nos frères et sœurs athées sont pleins de valeurs humaines qui font espérer elles aussi en un avenir encore plein de promesses. Mais si l’on parle de théologie, ce qui veut dire qu’on croit en Dieu, comment imaginer ce Dieu aussi « inhumain », dépourvu de sens et d’amour ?

    Je crois que l’humanité a encore de beaux jours devant elle, si nos savants et nos philosophes ont compris encore si peu de choses au mystère de la vie de l’homme. Le jour où ils ouvriront vraiment les yeux, quelle lumière nous inondera ! Et l’on nous proposera des « citations du jour » un peu plus belles et positives !

     


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  • Dans le site www.humanite-biodiversite.fr (catégorie éthique-philosophie-art), on peut trouver un article étonnant de l’académicien Michel Serres, que j’ai voulu reprendre dans ma rubrique « Provocations ». Michel Serres dit tout simplement que « nous vivons des temps de paix ». Il a au moins l’honnêteté de dire que cette affirmation est le point de vue d’un Européen : « En regard de ce que j’ai vécu durant le premier tiers de ma vie, nous vivons des temps de paix. J’oserai même dire que l’Europe occidentale vit une époque paradisiaque. »

    Statistiques à l’appui, il prouve son raisonnement. Les millions de morts de la seconde guerre mondiale, les bombes atomiques d’Hiroshima e Nagasaki, les massacres d’Hitler ou de Staline, ont évidemment causé plus de morts que les conflits actuels.

    Mais pourquoi en Europe cette peur terrible du terrorisme « qui est pourtant la dernière cause de mortalité dans le monde » ? C’est, nous dit Michel Serres, « parce que nous vivons dans un îlot de paix, à l'abri des grands conflits, que nous sommes hypersensibles au moindre frémissement de tragique, à la moindre déflagration de violence. » Jusque-là cela peut sembler un raisonnement logique.

    Mais de quelle paix parle-t-il ? Se rend-il compte que la paix artificielle de l’Occident et son bien-être actuels ne sont possibles que grâce à l’exploitation sauvage de l’Afrique et de bien d’autres pays du monde ou à la vente irresponsable d’armes à un grand nombre de pays comme ceux du Moyen Orient ? Ne voit-il pas que c’est cette politique d’injustice systématique et éhontée qui continue à produire des conflits, des guerres, des génocides et du terrorisme, qui, bien évidemment, font trembler maintenant le monde entier, car personne n’est plus à l’abri des retombées de ces catastrophes ?

    Notre cher académicien a-t-il un peu l’idée de ce que vivent en ce moment les peuples de Lybie, du Sud Soudan, du Congo, de Syrie, d’Irak ou du Yémen ? Un Européen peut-il se croire au paradis quand ses frères vivent dans la détresse quotidienne, sans plus aucun espoir pour l’avenir, et se jettent à la mer malgré les risques, préférant une mort possible à l’enfer auquel ils ne savent plus comment échapper ?

    Quand l’Europe et l’Occident se réveilleront-ils et comprendront-ils que la paix de demain ne sera possible que si on lui donne aujourd’hui des fondements solides et durables ? Sinon ce ne sera qu’un peu de poudre aux yeux passagère et les générations futures nous maudiront de leur avoir laissé en héritage un monde apparemment brillant mais rempli de mensonges. Moi qui suis européen, mais qui vis au Moyen Orient depuis 45 ans, je n’arrive plus à comprendre.

     


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