• [Pour nous préparer à la lecture du chapitre 16 de l’Evangile de Matthieu, nous reprenons quelques commentaires publiés dans ce blog en 2015]

    « Pourquoi cette génération demande-t-elle un signe ? » (Mc 8,12) (cf. Mt 16,4 : « Cette génération mauvaise et adultère réclame un signe »)

    Pourquoi Jésus s’indigne-t-il que cette génération, celle des pharisiens et des scribes de l’époque, demande un signe ? N’est-ce pas lui qui nous a dit un jour : « Demandez et vous obtiendrez. » ? Oui, bien sûr, mais ici c’est complètement différent. Jésus est venu tout donner à l’humanité. Il n’est pas encore à la fin de sa mission, il n’a pas encore donné sa vie jusqu’au bout sur la croix, mais il donne déjà tout, son temps, ses forces, son attention, son amour, sa puissance de guérison, sa sagesse, ses conseils, la vie du ciel qu’il porte en lui, mais ces scribes et ces pharisiens ne veulent rien voir. Ils font comme si Jésus n’avait rien fait. Comme si, à la fin d’un repas somptueux où la maîtresse de maison a mis tout son temps, ses forces et son amour, on lui demandait : « J’ai faim, tu n’aurais pas quelque chose à me mettre sous la dent ? », comme si tout le repas abondant n’avait servi à rien. Jésus nous apporte Dieu servi sur un plateau, sans que nous ayons presque à faire d’efforts pour le recevoir et bénéficier de son action et voilà qu’on lui demande encore un signe du ciel. On se moque de lui. Ou bien ces scribes et ces pharisiens sont tellement aveuglés qu’ils ne comprennent rien.

    Mais laissons de côté maintenant ces scribes et ces pharisiens et rappelons-nous que l’Evangile s’adresse à nous aujourd’hui. Combien de fois nous nous plaignons de notre vie, sans même penser à remercier Dieu de nous l’avoir donnée. Combien de fois nous perdons l’espoir ou la patience, aveuglés par nos petits ou grands problèmes quotidiens qui nous empêchent de voir la réalité. Et la réalité c’est que Dieu nous a tout donné et qu’il est là à nos côtés. Que voudrions-nous de plus encore ? Combien de fois nous prions pour obtenir des bienfaits et des miracles qui nous ont déjà été accordés mais que nous n’avons même pas su voir, pour des grâces qui nous sont tombées dessus sans même que nous nous en apercevions. Dieu est là et il ne nous abandonnera jamais, mais il demande quand même un peu plus attention à sa présence, avant de lui demander encore et encore une foule de miracles qu’il a déjà faits pour nous depuis longtemps et qu’il continue à faire. Ne sommes-nous pas encore debout et en vie ? C’est vrai que dans cette vie il y a aussi beaucoup de souffrances, mais voudrions-nous avoir le fruit de la souffrance sans passer par elle ? Voudrions-nous être traités encore mieux que Jésus lui-même ? Nous rêvons peut-être parfois comme de petits enfants gâtés, alors qu’en prenant la vie comme Dieu nous la donne, mais avec responsabilité, nous aurions déjà beaucoup de réponses à nos petits problèmes et nous commencerions à nous occuper plus sérieusement des problèmes des autres, des problèmes de cette humanité qui souffre autour de nous, et nous aurions beaucoup moins de questions pour nous-mêmes…

                                                                                            


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  • Pour ceux qui n’ont pas réussi à suivre ce mois encore assez intense, voici les titres de février. Nous avons commencé, dans la rubrique « Désorientés » par deux articles du 1er et 3 février comme commentaires au fameux « plan de paix » du président américain : « Vous êtes un homme, Mr Trump ? » et « Crime contre l’humanité ».

    Le 5 février, j’ai écrit « Faits pour l’infini » dans « Reflets du paradis ». Le 11, « Ce blog qui a changé ma vie » dans « Accueil » : une manière de remercier tous mes lecteurs pour cette belle aventure ensemble qui dure déjà depuis 5 ans. Le 13, c’était « Pauvre conscience » dans « Au bout de soi-même » et le 15 du mois « Guérir » dans « Au cœur du verbe ».

    Les 7, 9 et 17 février, la reprise d’ancien articles sur l’Evangile de Marc pour nous préparer à aborder le chapitre 15 de Matthieu : « De Marc à Matthieu 15 (1 – 2 – 3) », dans « Perles de la Parole ». Puis le 19, l’introduction elle-même à « Matthieu 15 », suivie de trois « Perles de la Parole » les 21, 25 et 27 février : « Eviter les conflits inutiles », « Se laisser planter par Dieu » et « Un Dieu qui nous obéit ».

    Et enfin, le 23 février, dans « Désorientés » : « La panique du coronavirus ».

    Bonne lecture, ou relecture à tous !


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  • « Femme, ta foi est grande, qu’il te soit fait comme tu veux. Et à l’heure même, sa fille fut guérie. » (Mt 15, 28)

    Ici, nous nous trouvons devant un des plus grands miracles de l’Evangile. Mais le plus extraordinaire, c’est que ce miracle semble se faire au premier abord contre la volonté de Jésus, qui avait refusé dans un premier temps d’écouter la demande de la Cananéenne qui le suppliait de guérir sa fille.

    « Ta foi est grande, qu’il te soit fait comme tu veux. » Jésus se laisse vaincre et convaincre. C’est le comble de l’amour. C’est la logique d’un Dieu qui s’est fait tout petit pour naître à Bethléem comme un enfant normal et qui accepte maintenant d’obéir à une femme qui ne fait même pas partie de sa famille religieuse.

    C’est le plan de Dieu qui continue à se réaliser. Il avait commencé avec Marie élevée au rang de partenaire de la Trinité et voilà que maintenant n’importe quelle personne, si elle se prête au jeu de Dieu, peut entrer à son tour dans la relation divine d’amour entre le Père, le Fils et l’Esprit. Mais quel est ce jeu auquel il faut se prêter ? Simplement écouter en son cœur le souffle de l’Esprit qui est là pour chacun de nous sans distinction. L’Esprit qui avait parlé à Joseph pour sauver la Sainte Famille, qui avait suggéré à Elisabeth comment accueillir Marie et qui parle maintenant à une païenne qui semble si loin de Dieu.

    La leçon est tellement claire : ne jugeons maintenant plus jamais les personnes sur les apparences, sur leur passé, sur les étiquettes que les gens leur ont collées sur le visage. Ne jugeons pas, tout simplement. Essayons seulement de nous brancher sur l’Esprit en nous et au milieu de nous, du matin au soir, et nous aurons beaucoup de surprises, de belles surprises. Nous verrons des situations inextricables trouver des solutions, des nœuds se défaire comme par enchantement, la lumière jaillir tout à coup au cœur d’un tunnel, parce que nous ou quelqu’un autour de nous aura décidé de se mettre à l’écoute du cœur de Dieu. Ecoutons-le… et Lui fera le reste et il sera tellement heureux de le faire, il n’attend qu’un petit signe de nous pour déverser sur nous toute la puissance de son Amour !

     

     


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  • « Toute plante que mon Père du ciel n’a pas plantée sera arrachée. » (Mc 15, 13)

    C’est encore la logique de Dieu apparemment terrible, mais en fait tellement libératrice que Jésus nous dévoile dans cette petite phrase.

    On pourrait la lire avec un sentiment de crainte devant ce Dieu inexorable qui va détruire tout ce qui n’est pas construit sur la base de son Royaume. Pauvres de nous, alors, qui allons bientôt être balayés par le feu du jugement de Dieu qui ne va rien laisser de tout ce que nous avons vainement tenté de construire tout au long de notre vie, si nous n’avons pas été parfaits. Ce serait alors une religion de peur, de méfiance, de jugement et de châtiment que Dieu aurait voulu instaurer sur la terre…

    Cela voudrait dire simplement que nous n’avons encore rien compris au message d’amour immense que Jésus est venu porter sur la terre, en donnant même sa vie pour ce but merveilleux. Jésus est venu parmi nous pour construire la famille des enfants de Dieu. La famille de ceux qui, au-delà de leurs limites et de leurs faiblesses, ont accueilli la Bonne Nouvelle de la lumière de Dieu venue illuminer nos ténèbres, la Bonne Nouvelle de la résurrection qui a vaincu la mort.

    Jésus nous dit ici tout simplement que toute autre préoccupation est une perte de temps dans l’édification de cette famille divine au cœur de l’humanité. Et c’est au fond ce que l’histoire de ces 2000 ans nous confirme. Le royaume des juifs de l’époque a été balayé. Mais l’empire romain n’a pas duré beaucoup plus. Tous les royaumes, les empires, les dictatures de ce monde se sont élevés les uns après les autres, et se sont écroulés les uns après les autres irrémédiablement. Ce qui est resté, c’est la Bonne Nouvelle et la vie de tous ceux qui se sont branchés sur elle, les saints connus ou inconnus, les hommes de bonne volonté qui ont suivi cette Bonne Nouvelle peut-être même sans s’en rendre compte, parce que leur cœur et leur esprit étaient « plantés » par Dieu lui-même.

    Alors tout change. Nous ne devons plus nous laisser impressionner par le mal qui semble régner sur le monde et détruire la vérité. Nous devons simplement laisser grandir en nous la semence de Dieu et la partager, la semer à notre tour autour de nous sans nous lasser. Nous serons peut-être persécutés, attaqués de tous côtés, tués comme martyrs, mais cela ne changera rien à la victoire du bien sur le mal, en chacun de nous et en toute l’humanité. Sans voir en cela la victoire des « bons » sur les « méchants », car nous avons tous en nous-mêmes du « bon » et du « méchant » jusqu’à la fin de notre vie. Mais nous devons seulement donner notre vie chaque jour, le plus possible, et tous ensemble, pour que la plante de Dieu ne cesse de grandir. Car en fin de compte Dieu est le seul qui voit et qui comprend vraiment ce qui se passe. Au-delà des apparences trompeuses qui nous font perdre beaucoup de temps et d’énergie pour bien peu de résultats quand nous nous prenons pour des juges universels qui jugent le mal, mais qui ne savent pas se brancher sur l’amour de Dieu.


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  • Je ne sais pas si vous recevez comme moi, ces jours-ci, certains messages sur l’épidémie de coronavirus. Surtout depuis qu’on en a découvert un cas au Liban. C’est vraiment une panique totale ! Bientôt on ne va même plus se serrer la main avec les amis, les parents ou les collègues quand on va se rencontrer. On va marcher avec un réservoir d’eau dans la rue pour se laver les mains à chaque instant. On va sortir avec un haut-parleur pour laisser une certaine distance avec les autres dans toutes nos conversations.

    Bien sûr les pharmaciens ou les marchands de masques de protection vont faire fortune… Mais je voudrais m’arrêter ici de plaisanter et de me moquer par ces phrases caricaturales, parce qu’en fait nous nous trouvons devant un problème très grave à résoudre. Une épidémie bien plus terrible que celle du coronavirus, c’est celle de la peur. La peur qui nous paralyse et qui nous fait nous méfier tout à coup du monde entier. Et en même temps la peur de la mort…

    Il y a dans toute cette histoire un désir de sécurité totale devant la mort qui est une grande tromperie. La mort fait partie de la vie. Elle nous arrivera à chacun un jour ou l’autre souvent sans avoir prévenu. Et prétendre lui échapper est vraiment une mauvaise plaisanterie. Combien de personnes pendant les 16 ans de la guerre du Liban sont mortes atteintes par un obus dans leur appartement, alors que des gens dévoués et courageux sortaient chaque jour dans la rue sous les bombardements pour aider les autres et que rien ne leur est arrivé.

    Alors bien sûr qu’il faut être prudent dans certains cas. On ne va pas s’exposer par plaisir à la maladie ou à la mort. Et puis tous les gens qui ont ce virus ne meurent pas, la probabilité de mourir est d’ailleurs relativement faible avec cette nouvelle maladie. Mais ce n’est pas là notre sujet. Il s’agit ici de renouveler notre confiance. La confiance en la vie et même la confiance en la mort qui ne dépend pas de nous et qui sera une occasion, le jour où elle viendra, de donner encore notre vie jusqu’au dernier souffle pour ceux que nous aimons.

    Il y a une grande différence entre la sécurité, cette sécurité de la publicité qui est de l’escroquerie qui nous coûte souvent beaucoup d’argent, et la confiance. La confiance dans la vie (dont la mort fait partie) ne coûte rien, sinon un peu d’amour et de générosité, un peu de don de soi qui nous apporte le bonheur. Tandis que la peur et la sécurité nous renferment sur nous-mêmes, nous isolent, nous empêchent d’expérimenter le bonheur de nous donner. Et, le jour où je devrai mourir, je préfère mourir plus tôt mais heureux d’avoir vécu, plutôt que mourir tard et triste de n’avoir jamais connu de vrai bonheur…


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