• Vous allez encore dire que j’exagère, mais c’est vrai. Notre blog a changé ma vie. Hier j’ai fêté les 5 ans de « L’Orient la Nuit ». Je ne sais pas à quel âge un blog devient mûr, mais ce qui est sûr, c’est que cette aventure m’a énormément fait mûrir moi-même. Quand un ami m’a dit, il y a bientôt six ans : « Pourquoi tu ne lancerais pas un blog ? Tu aurais beaucoup de choses à dire qui pourraient faire du bien à des gens… » Et moi, je ne savais même pas exactement ce qu’est un blog et encore moins comment on peut faire pour en créer un nouveau de toutes pièces.

    J’ai donc réfléchi, j’ai laissé grandir en moi tous les élans de mon esprit et de mon cœur. J’ai passé des mois à écouter plus en profondeur ce qui occupait ou préoccupait les personnes autour de moi. Puis je me suis lancé dans ce blog que j’ai voulu dès le départ comme un pont entre cet occident qui m’a fait naître et ce Moyen Orient qui m’a tant donné.

    Un peu timide au départ, comme pour voir si cela en valait la peine, j’ai été étonné par les réactions et les encouragements. Beaucoup d’amis me remercient maintenant chaque jour pour ce que j’écris, mais surtout, je sens que ce que je publie n’est plus seulement à moi, c’est le fruit d’un dialogue de chaque jour qui vient de cet accueil de l’autre qui fait l’âme de ce blog…

    Mais ce qui m’émerveille le plus aujourd’hui, ce n’est pas tant que le nombre des lecteurs a un peu augmenté au fil des jours (environ 150 lecteurs par article, si l’on compte ceux qui me suivent aussi sur Facebook et twitter, ce qui au fond est comme une goutte dans l’océan de l’humanité), mais c’est que toute cette aventure m’a obligé à sortir de moi-même. Je me lève désormais chaque matin en pensant d’abord aux autres qui m’attendent, à ces amis qui souffrent et que je pourrais aider, à tous ces gens autour de moi qui ont perdu l’espoir, et je vois qu’à force de distribuer de l’optimisme en tous les sens, j’ai trouvé encore plus de bonheur à partager.

    Alors merci à tous d’être là, merci de croire à toutes ces valeurs qui peuvent encore sauver notre humanité malade, merci pour vos critiques constructives, merci de partager à votre tour ce courant de positif autour de vous. Notre humanité sera toujours plus belle si nous nous laissons transporter par cet élan d’amour timide au fond de nous, mais qui devient un torrent impétueux et bienfaisant quand nous le multipliant en le partageant chaque jour un peu plus.

    Quelqu’un disait que toute la lumière fragile au fond de nous s’éteint si elle reste cachée au fond de notre cœur, mais grandit et devient de plus en plus claire et évidente si nous la donnons sans cesse à tous ceux que nous côtoyons du matin au soir. En nous souvenant que nous avons-nous-mêmes reçus un jour cette lumière parce que d’autres amis avant nous nous en ont montré le chemin.


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  • [Pour nous préparer à la lecture du chapitre 15 de l’Evangile de Matthieu, nous reprenons quelques commentaires publiés dans ce blog en 2015]

    « Rien de ce qui est extérieur à l’homme et qui pénètre en lui ne peut le rendre impur. Mais ce qui sort de l’homme, voilà ce qui rend l’homme impur. » (Mc 7, 15) (cf. Mt 15, 11 « Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui rend l’homme impur. Mais ce qui sort de la bouche, voilà ce qui rend l’homme impur. »)

    Combien de fois par jour et tout au long de notre vie nous nous arrêtons sur les apparences ! Nous jugeons les évènements et les personnes sur la manière dont ils se présentent, dont ils correspondent aux traditions, à la mode. Une réalité ou une personne qui nous avait attirés hier devient soudain la pire des choses ou la pire des personnes, parce qu’elle ne correspond plus aux apparences que nous attendions. Jésus était le sauveur de son peuple, celui qui faisait des miracles et voilà maintenant qu’il est un traître qui doit être mis à mort. Le peuple a changé complètement en quelques jours sur des signes extérieurs, des mots entendus, des jugements hâtifs. Personne n’a été capable d’aller voir à la racine de quoi il s’agissait vraiment.

    Mais faisons-nous mieux que les contemporains de Jésus ? Ne passons-nous pas notre temps à juger, condamner, avant même de savoir la vérité tout entière ? Et même si ces signes extérieurs correspondent vraiment à une réalité négative au cœur de l’autre, est-ce une raison pour le rayer définitivement de la carte de nos relations sans aller voir les autres aspects positifs de sa personne, cachés peut-être sous la poussière, mais que Dieu a mis sûrement au fond de lui ?

     


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  • [Pour nous préparer à la lecture du chapitre 15 de l’Evangile de Matthieu, nous reprenons quelques commentaires publiés dans ce blog en 2015]

    « Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. » (Mc 7, 6) (cf Mt 15, 8 : « Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. »)

    Ici, c’est bien simple. Jésus nous met en garde contre l’hypocrisie, voulue ou inconsciente. Mais l’hypocrisie est sans doute le plus souvent inconsciente, elle n’est pas forcément méchante, mais elle gâche tout sur son passage. Nous disons quelque chose et nous faisons ensuite le contraire. Distraction, oubli ? Peu importe, car le mal est fait. Les gens auront bien du mal à nous croire à l’avenir. Ils iront chercher ailleurs. Combien de familles détruites par ce manque de cohérence, combien de communautés d’Eglise déchirées à la base !

    Que faire alors ? Parlons un peu moins peut-être. Affirmons les choses lorsque nous sommes sûrs qu’elles correspondent à la vérité. Vivons avant de parler. Soyons un en nous-mêmes et avec les autres. Et surtout vivons de l’intérieur, vivons avec notre cœur, là où Dieu est sans cesse présent avec nous et au milieu de nous. Soyons proches de Dieu et de nos frères avec notre cœur et non pas avec nos paroles. Alors nos paroles suivront ou, mieux même, nous n’aurons pas besoin de parler, ce seront les autres qui témoigneront de la vie qu’ils auront trouvée en nous et autour de nous. Tout sera mis en harmonie et nos familles et nos communautés pourront respirer. Les accidents de parcours seront seulement quelques obstacles à surmonter ensemble, car la confiance régnera et rien n’est plus beau que la confiance réciproque.

     

     


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  • Pourquoi sentons-nous confusément que l’homme est si grand, alors qu’il apparaît si petit et si faible, perdu comme une fourmi au cœur de l’univers, condamné à se battre au milieu de ses limites de temps et d’espace qui semblent lui laisser une si petite marge de manœuvre ?

    C’est que l’homme est d’abord un mystère. L’homme a en lui une dimension d’infini qu’il porte en son esprit, sa conscience, son âme et même son corps, qui en fait la perle de l’univers. L’homme est une goutte d’infini venue se concrétiser dans un atome de matière, qui vient faire de cet atome à son tour un infini qui le transcende. L’homme vient de l’infini et y retourne. Et toutes les limites qui semblent le conditionner et contre lesquelles il se bat toute une vie, corps et âme, sont comme le symbole d’une porte qui pourrait le refermer pour toujours sur lui-même et sa petitesse, mais qui peut en même temps l’ouvrir justement à l’infini.

    Toute la vie de l’homme se passe dans cette dimension entre le drame, la résignation, la révolte, le rêve et l’espoir. Pourquoi cet athlète qui vient de battre le record du monde du marathon de quelques secondes se sent-il tout à coup comme le héros de l’humanité ? Concrètement cela n’a pas changé grand-chose à sa vie. Ce n’est pas parce qu’il a battu un record mythique qu’il est devenu maintenant plus rapide qu’une gazelle ou qu’un léopard. Mais cette passion fanatique et apparemment folle de la compétition sportive est un de aspects de ce symbole qui fait sentir à l’homme qu’il est toujours capable d’aller au bout et au-delà de ses limites.

    La beauté inouïe de l’univers de l’art est un autre symbole qui nous accompagne jour après jour. C’est la dimension d’un rêve qui joue avec tout ce qui touche aux sens et aux sentiments de l’homme et le pousse à créer des relations entre les formes, les sons et les couleurs qui sont capables ici encore d’ouvrir sans cesse de nouveaux horizons insoupçonnés qui donnent en même temps le bonheur.

    Et c’est encore ce qui se passe dans toutes les relations sociales, jusqu’à celles tellement incroyables de l’amitié et de l’amour. Qu’est-ce qui fait que, lorsque deux êtres ont l’impression de s’être tout donné dans la plus parfaite réciprocité, d’avoir pénétré dans le cœur l’un de l’autre jusqu’à une dimension qui les transcende, qu’ils sentent justement que leur amour est plus grand que l’univers tout entier ? C’est encore cette goutte d’infini qui les pousse et qui les attire en même temps. Le sentiment que ce qui est en jeu est tellement immense, tellement plus grand que la simple rencontre banale entre deux fourmis de l’univers…

    Et tout cela s’expérimente peut-être plus encore quand l’homme se bat contre la souffrance, la maladie ou la mort. Car c’est devant ces limites extrêmes qu’il trouve en lui une énergie soudaine qui va faire de cette souffrance, de cette maladie et de cette mort, une occasion de se transcender encore plus.  Une occasion de montrer que ces barrières naturelles ne sont qu’une nouvelle opportunité de faire rejaillir l’infini qu’il porte en lui, avec des élans de générosité, de solidarité, de partage qui font sentir à chacun qu’il est bien plus grand que sa propre petite personne. Et qu’en même temps il fait partie d’une famille humaine, d’un peuple humain qui va bien au-delà de ce moment présent que nous vivons. Comme si la dimension historique de la solidarité devenait le symbole de l’immortalité de l’humanité. Avec le sentiment que la souffrance, au lieu d’être un obstacle au bonheur est peut-être le lieu qui révèle le mieux à l’homme le mystère exceptionnel qu’il porte en lui…

    Et c’est aussi pour cela que tout homme qui se sert de ces limites pour ses propres intérêts de courte vue et qui en fait une dimension de prison remplie d’égoïsme et d’injustice réciproques au lieu de les transcender, passe sa vie à côté de son mystère et court après son bonheur sans jamais plus réussir à le trouver, car il a fermé la porte qui allait l’ouvrir sur l’infini. Mais l’homme est tellement plein de ressources incroyables que, tant qu’il n’est pas mort, sa conscience peut encore, jusqu’au dernier moment, lui donner la chance de trouver cette porte et de l’ouvrir, surtout quand nous nous aidons les uns les autres à en arriver là…


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  • Je reviens sur le soi-disant « plan de paix » de Mr Trump. Mais je vais parler aujourd’hui plus clairement et plus directement, puisqu’un de mes amis, à la lecture de mon précédent article « Vous êtes un homme, Mr Trump », a compris apparemment de travers ce que je voulais dire…

    Quand la maison brûle, il faut intervenir au plus vite et ne pas perdre son temps à s’enfermer dans des malentendus. Une chose est claire : on est en train de refuser à un peuple, le peuple palestinien, son identité et sa dignité. Et, pire encore, on essaye d’acheter cette identité et cette dignité à coups de milliards : le comble de l’humiliation pour une personne humaine digne de ce nom.

    Je ne m’arrête pas sur ce que je disais à Mr Trump qui, de toute façon, ne lira pas mon article. Mais mon cri du cœur a un autre but, tellement plus urgent. La responsabilité de tout ce scandale retombe et retombera dans l’avenir sur ceux qui ont conscience du problème et qui ne font rien. Mr Trump est peut-être bien moins coupable que nous si sa conscience est anesthésiée. Mais nous, et je parle ici à mes frères européens et occidentaux, nous qui pensons encore avoir une conscience, que faisons-nous ? Sommes-nous en train de devenir ses complices ?

    Nous ne voyons pas que nous sommes en train de tuer un peuple dans son âme et que nous laissons faire sans rien dire ? Nous ne voyons pas que tout cela est un nouveau crime contre l’humanité ? Nous ne voyons pas que la haine va encore augmenter au Moyen Orient de cette façon avec des conséquences qui risquent d’échapper à tout contrôle ? Ne voyons-nous pas que le peuple que Mr Trump croit aider de cette manière va définitivement se faire haïr des pays qui l’entourent et qu’on pousse ainsi le Moyen Orient à un suicide collectif ? Ne voyons-nous pas que nous sommes entourés de tel mensonges qu’on n’arrive plus à distinguer le faux du vrai ? Quand Mr Erdogan lui-même se met à défendre le peuple palestinien alors qu’il traite le peuple kurde avec la même inhumanité ?

    Mais où sont passés les Gandhi, Nelson Mandela, Dalaï Lama… ? Si nous n’intervenons pas maintenant, l’humanité se relèvera toujours, mais avec tellement de souffrances qu’on aurait pu éviter et de nouvelles blessures à cicatriser. On a laissé faire la même chose au peuple arménien il y a une centaine d’années et les survivants de ce peuple merveilleux sont là pour nous dire que l’âme d’un peuple ne meurt jamais et qu’il sera toujours présent pour croire en l’avenir de l’humanité, malgré ce que les autres ont fait de lui. Mais quand on peut encore éviter de telles catastrophes, pourquoi ne le fait-on pas ?


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